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AutreMonde

12 mars 2024

IL N'A PAS DIT : GROUPE DE CANIVEAU.

IL N'A PAS DIT : GROUPE DE CANIVEAU.

PROPOSITION DE POINT DE VUE - Refusée par Le Monde.

 

Gabriel Attal, en parlant maladroitement de groupe de niveau, a ouvert la boîte de Pandore des mécompréhensions pédagogiques. Son vocabulaire (la « chose » qu’il désigne) était inadapté au problème qu’il est question de surmonter et qui est la difficulté (récurrente) de définir une formation de masse pour une jeunesse aux capacités et aux goûts hétérogènes en assurant un minimum de connaissances et de compétences à tous sans interdire à aucun d’en acquérir un maximum.

La mode est aux complications lexicales. Risquons deux acronymes qui pourraient se révéler performatifs.

CIAC :            Cours Inclusifs d'Acquisitions Citoyennes

COMO :         Cours d’Optimisation Modulaire Optionnelle

La notion de Ciac concerne la classe traditionnelle. Les élèves sont regroupés en fonction de l’âge, dans la diversité éclatée de leurs profils et de leurs acquis. L’objectif y est, dans une interactivité maximale, de permettre au groupe la prise de conscience de ses capacités collectives à travers  une recherche-réflexion d’ensemble sur des thèmes de tous ordres. On met en commun ce que chacun peut pour obtenir du tout mieux que la somme de ses parties. Il y a là une pédagogie constructiviste qui reste à fonder et qui, bien gérée, doit permettre des progrès individuels de tous ordres organisés dans la perspective des apprentissages d’une citoyenneté ouverte, exigeante, tolérante, apaisée.

Le concept de Como se réfère simplement à la mise en place de modules, d’unités de valeur, relatifs aux connaissances académiques et aux perfectionnements gestuels, pratiques, modules choisis, rassemblant des élèves d’acquisitions antérieures homogènes, sans critère d’âge.

Il faut imaginer des établissements scolaires où, jouant sur ces deux volets, la formation initiale se déploie dans une dichotomie propice à tous (Ciac) et maximisant le potentiel de chacun (Como). Deux mi-temps parallèles.

Ciac : des classes de vingt-cinq, des salles dédiées conçues pour elles et, attachés à chaque classe, deux enseignants aux profils généralistes complémentaires, y œuvrant en simultané. Des contenus à inventer.

Como : des effectifs dictés par l’homogénéité (maximum, une vingtaine), un enseignant spécialiste de la discipline, des modules brefs (12 à 20 heures) validés par une épreuve de contrôle terminale avec inscription (si acquise) de l’unité de valeur au dossier personnel cumulatif de l’élève. Des contenus classiques.

Ce bref schéma est porteur de bouleversements à « penser » : gouvernance, autonomie des établissements, reconfiguration et ergonomie des locaux, redéfinition des services, redéfinition au moins partielle des profils enseignants ... Avec bien entendu, sur la base de la tenue la plus exigeante des dossiers-élèves individuels, enrichis tout au long de la scolarité par cumul d’unités de valeur délivrées dans la plus stricte rigueur, la suppression des examens (brevet, bac …).

Par la souplesse des options (Como) et la richesse du collectif (Ciac) il y a sans doute là, si les nécessaires moyens y sont mis, les éléments efficaces d’une reprise en main du système de formation et d’une réinvention par la jeunesse de son avenir.

 

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12 février 2024

SUR LE BUREAU DE NICOLE BELLOUBET (I) ...

NJe ne dois pas me laisser déborder par les affaires courantes et par les conneries. Les services sont au travail pour ça. Faudra quand-même suivre cette affaire d'uniformes. Mollement. On verra. Mais il faut de suite prendre la température du système à travers la structure hiérarchique, parallèlement aux contacts syndicaux. Et tâcher de commencer la mise en route d'une réflexion d'ensemble.

Il faut impliquer  le terrain autour des axes principaux de la refonte à opérer.

 Plan de travail (I).

-       Profiter des congés pour convoquer les recteurs des trois zones correspondant aux trois semaines des congés étalés. Trois séminaires de 24 heures. Intégrer aux séminaires le DGESCO, E. Geffray, et la cheffe de service de l'IGÉSR, Caroline Pascal. Ça permettra aussi de les sentir en situation.

Matinée :

-       Tour de table. Demander à chaque recteur d’exprimer en moins de trois minutes sa conception des urgences  éducatives.

-       Analyse - échange sur les opinions émises.

-       Présentation des axes principaux de l'évolution de l’ingénierie pédagogique que j'envisage à terme :

  • ·      Construction d’un système garantissant une formation générale citoyenne de qualité accessible à tous
  • ·      Dichotomie formation généraliste des groupes-classes / recherche et développement individuels  des excellences (organisation par mi-temps scolaires)
  • ·      Primat des progressions par unités de valeur cumulables délivrées par le contrôle continu et suppression des examens au bénéfice de fichiers individuels informatisés
  • ·      Redéfinition du métier de professeur (conditions de recrutement et d’exercice, profils, salaires)
  • ·      Réexamen de l’ergonomie des bâtiments scolaires et conditions d’une mise aux nouvelles normes

-       Premier échange sur ces perspectives (faudra forcément expliquer!)

-       Inscription de ces perspectives dans le tournant vers l’autonomie des établissements (principe de subsidiarité).

-       Discussion générale

Déjeuner (laisser discuter les recteurs entre eux - d'autant qu'à terme, il faudra peut-être faire le ménage et un mouvement - Bouffe à part avec Geffray et C.Pascal)

Après-midi

-       Ordinateurs portables individuels: Rédaction (chaque recteur participant) d’une note à chaud de première analyse des propositions du matin (60 minutes) - Document Word, police Times New Roman, taille-caractère 12, Maximum 2000 signes.

-       Envoi réseau tous ordis participants & Analyse silencieuse individuelle des documents transmis/réceptionnés (30 à 45 minutes)

-       Tour de table et discussion approfondie sur la base de ces documents, présentés / complétés / éclairés par leurs auteurs

-       Essai de synthèse à chaud

-       Définition de mission rectorale à suivre:  séminaire dans chaque académie d'une demi-journée autour du Recteur: Secrétaire général, Chefs de division du rectorat, DSDE des départements, IA-IPR,  pour:

  • o    présentation et CR du présent séminaire, discussion et  perspectives à suivre
  • o   examen/discussion des procédures régionales décentralisées permettant de porter la réflexion vers les IEN et IEN-ET/EG, les chefs d’établissement et les personnels des établissements

-       Note-bilan de ces séminaires académiques - à la charge personnelle des recteurs -  à me remonter sous huitaine. Document Word, taille-caractère 12, police Times New Roman, maximum 4000 signes

-       Echange informel conclusif à bâtons rompus.

Prévoir un bilan-journée à part avec Geffray et C.Pascal.

17 janvier 2024

IMPUISSANCE ÉDUCATIVE

Capture d’écran 2024-01-17 à 11Conférence de presse du chef de l'Etat.

Scolairement décevante. Il n'y a pas de vision d'ensemble de l'Ecole qui puisse faire espérer une refonte efficace.

Amélie Oudéa-Castera qui est à mes yeux totalement décrédibilisée devrait démissionner en emportant avec elle le morceau JO qui n'a rien à faire au Ministère de l'éducation nationale..

Il faut à l'Education une personnalité forte, tranchante, susceptible d'initier un mouvement, un profil à la Manuel Valls. L'inverse exact d'un Pap Ndiaye.

Gabriel Attal pouvait être crédible, sous réserve d'une suite qui n'a pas eu lieu. Nous allons continuer à moudre du vent.

13 janvier 2024

INDIGNITÉ MINISTÉRIELLE

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Il n'y a pas de repentir après coup qui tienne. Ni de jolies dents. Sur la question de la scolarisation de ses enfants, une seule attitude est digne pour un serviteur de l'Etat : le secteur public, dans le respect de la carte scolaire.

Pap Ndiaye avait déjà montré le mauvais chemin et ajouté à son incompétence, l'indignité d'une scolarisation de ses rejetons à l'Ecole Alsacienne, ou l'inverse.

Ce ne sont pas là des questions à tergiversation.

On scolarise d'abord au bon endroit, on travaille ensuite à améliorer dans la mesure de ses moyens les conditions de fonctionnement du lieu en question. 

Tout le reste n'est qu'argutie et foutaise.

Il est grand temps de rebâtir une école entièrement publique en intégrant (en "nationalisant") tout le secteur privé sous contrat, autorisant aux marges un hors contrat à l'écart de tout subventionnement qui soit.

9 janvier 2024

LE DIRE ou LE FAIRE ?

Gabriel Attal« J’emmène avec moi ici, à Matignon, la cause de l’école. Je réaffirme l’école comme étant la mère de nos batailles, celle qui doit être au cœur de nos priorités et à qui je donnerai comme premier ministre tous les moyens d’action nécessaires pour sa réussite. Elle sera l’une de mes priorités absolues dans mon action à la tête du gouvernement. Il y aura de ce point de vue une forme de continuité. »

Gabriel Attal - 15h08 le mardi 9/1/24

Wait and see ...

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5 janvier 2024

VOEUX PRESIDENTIELS

MacronNous avons pu nous procurer le texte du projet de voeux présidentiels initialement rédigé par le Président .

Malheureusement, ce projet a été retoqué par la Première dame et remplacé par la soupe usuelle préparée par une plume officielle anonyme.

Nous présentons ci-dessous le texte rejeté.

Brigitte M

Mes chers compatriotes,

D'autres se chargeront de vous faire  des comptes-rendus circonstanciés de l'année 2023 et deuxième de mon second quinquennat. Je n'y serai pas toujours à mon avantage, c'est la loi du genre. Ils vous diront aussi, avec des talents divers, ce que la suite devrait être. Je vous engage à vous informer de tous les points de vue à travers la diversité croisée de nos médias et à réfléchir. Soyez simplement assuré que de mon côté, je ferai, en appui sur mes équipes gouvernementales, de mon mieux.

Toutefois, à la place qui est la mienne, je voudrais à l'orée de 2024, attirer votre attention sur l'horizon sans doute le plus important des tâches à venir, celui de l'éducation. Nous ne l'avons pas assez, et nous l'avons mal cerné.

Tout commence avec la formation initiale qu'on peut assez largement comprendre comme celle délivrée dans les écoles, les collèges et les lycées. Chacun peut concevoir que son objectif principal est de donner à la jeunesse les outils nécessaires pour comprendre le monde et pour s'y insérer en œuvrant tant dans son intérêt personnel que dans l'intérêt général à la construction d'une société meilleure.

Dans quelques jours, le système éducatif va se remettre en marche. Et le matin du lundi 8 janvier, en se dirigeant vers son établissement, chaque élève, chaque professeur, chaque cadre, chaque personnel de service de l'éducation nationale devra se poser cette question : la façon dont je comprends, dont j'exécute ma tâche d'élève, de professeur, de cadre, de personnel de service vise-t-elle cet objectif, répond-elle à cet objectif? Et comment pourrais-je mieux le servir pour l'atteindre?

Mes chers compatriotes, j'ai l'étrange devoir de vous le dire, nous ne résoudrons aucun des problèmes qui nous préoccupent sans un approfondissement de nos vertus. Etrange discours, étrange énoncé, je le conçois, mais incontournable. Et cet approfondissement commence à l'Ecole.

Le "Qu'enseigner?" et le "Comment enseigner?" doivent être constamment questionnés. Dans tous les établissements scolaires, lundi 8 janvier prochain, ces interrogations doivent être présentes à l'esprit de tous les acteurs. Tous nos résultats actuels montrent assez que nous y répondons aujourd'hui très mal.

2024 doit être l'année zéro d'un renouvellement.

Je vais vous indiquer quelques-unes des pistes sur lesquelles j'ai décidé de nous engager.

Ce projet éducatif sera prioritaire au long du temps de mandat qui me reste et je compte que les réussites mesurables qui accompagneront ses premières réalisations imposeront de le poursuivre.

Nous allons redéfinir un premier bagage de connaissances et de pratiques que tout citoyen devra avoir acquis en quittant la formation initiale. Au-delà de ce bagage, c'est un système optionnel qui permettra aux excellences individuelles de s'exprimer. Les acquisitions se feront tout au long de la scolarité par unités de valeur cumulées, attribuées via un contrôle continu rigoureux qui permettra la suppression de l'encombrant, inefficace et coûteux système de nos examens.

Nous allons ainsi poser le principe, pour chacun, d'une formation articulée autour d'un double cheminement  sur deux mi-temps parallèles. Un mi-temps d'insertion civique et citoyenne, un mi-temps d'excellence individuelle:

Dans le cadre du premier, on fera vivre des classes de vingt-cinq élèves du même âge, confiées à un binôme d'enseignants qui les conduira, en officiant ensemble, sur les voies d'une mise en commun constructive des acquis de chacun, au long d'activités d'ouverture au monde et d'analyse et de compréhension de ses mécanismes, à des fins d'insertion sociale et citoyenne vertueuse et optimale.  

L'Education physique et sportive, volet important, sera partie intégrante de ce mi-temps.

Dans le cadre du second on définira, unité de valeur par unité de valeur, des groupes allégés de quinze élèves, groupes homogènes (sans critère d'âge) en termes d'acquis dans la discipline, attachés à acquérir sous la direction d'un professeur spécialisé la validation de l'unité enseignée.

Simple à énoncer, un tel système est d'une grande complexité opérationnelle et tout est à repenser:

-       les contenus et la pédagogie, sens et buts

-       le recrutement, la formation et le service des enseignants

-       la configuration et la gestion des locaux 

Il y faudra et nous les y mettrons, des moyens tout à fait considérables.

Des directives claires vont être adressées aux directeurs d'école, principaux de collège  et proviseurs de lycée sous huitaine pour les aider à organiser en continu avec les équipes éducatives, durant les deux trimestres restants de l'année scolaire, une réflexion locale et collective sur les exigences et la faisabilité d'un projet dont les services compétents vont constamment préciser les contours, progressivement affinés grâce à la navette dialoguée avec chaque établissement qui sera mise en place à partir de la mi-janvier.

Mes chers compatriotes, le discours que je vous tiens - et on ne manquera pas de commencer par là les reproches qui lui seront adressés - peut sembler davantage celui d'un ministre de l'Education nationale que d'un Président de la République. Et pourtant, le dossier éducatif, la formation initiale, c'est le nœud gordien qui interdit au pays de reprendre son envol. Tout découle de là. Sans des citoyens compétents et éclairés, rien ne progressera tant tous nos maux relèvent des petitesses, des mesquineries, des incompétences, des insuffisances culturelles et du manque résolu de vertu de trop d'entre nous, étroitement repliés sur des ambitions égoïstes, sur l'indifférence aux autres, esclaves du mercantilisme, du consumérisme  et de l'argent, aveugles aux douleurs du monde, oublieux de l'essentiel.

Seul, le ressaisissement de l'avenir par l'éducation peut ouvrir un espoir, seul. Tout le reste n'est que discours. Sur tous les autres dossiers, on peut gérer les affaires courantes. Rien n'ira mieux, mais rien de ce sur quoi nous croyons pouvoir agir ne s'effondrera. Sur l'éducation, nous n'avons pas ce choix.  Ne pas agir au plus haut niveau, qui est celui où vous m'avez placé, c'est laisser aller le pays à sa perte. La France doit retrouver toute sa noblesse par les enfants qu'elle construit. Et c'est au fond ma seule vraie mission que d'y travailler et d'y réussir.

Vive la R…, vive la F…

11 décembre 2023

MATHEMATIQUES & PISA

Le théorème de Marguerite

Résultats PISA et floraison de prises de position, le marronnier du débat sur l'enseignement des mathématiques est  reparti. Tribunes dans Le Monde et interventions sur France-Culture - où la récente médaille Fields d'Hugo Duminil-Copin l'installe malgré lui dans l'expertise - viennent témoigner d'une erreur constante d'appréciation. Des compétences surdimensionnées viennent tenir sur les vertus des mathématiques des propos où le vœu aussi pieux que vague le dispute à la poésie. La question est ailleurs.

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Un exemple :

J'ai souvenir d'Edouard Balladur, chef du gouvernement, interrogé sur l'évolution d'un critère quantitatif  dont il vantait l'accroissement, affirmant qu'il avait augmenté de 15% puisque de 5% chaque année pendant trois années consécutives. Voilà le point, le concret. Trois augmentations consécutives de 5%, c'est une augmentation unique de 15,7625% soit 16% en arrondissant à l'unité. Les pourcentages ne s'additionnent pas. Augmenter une quantité de 5%, c'est la multiplier par 1,05. En conséquence, trois augmentations successives équivalent à une multiplication par (1,05)3, le cube de 1,05. D'où le résultat. Ne parlons pas de l'erreur "Balladur" sur 15 ans, où son accroissement cumulé de 75% serait en mettre en regard d'un accroissement réel de 108% par le calcul de (1,05)15.

S'agit-il vraiment de mathématiques? Faut-il aller chercher des professeurs d'université pour discuter de cela? N'est-on pas plutôt dans les outils de base du calcul, indispensables au citoyen pour s'y retrouver dans la valse des affirmations chiffrées dont on l'inonde?

Autre exemple:

Le norvégien Ken Stornes vient d'établir un nouveau record du monde dans le Death diving, le plongeon à risques en pleine nature, en s'élançant dans une eau glacée d'une hauteur de 40,5 mètres. Quelle était sa vitesse au moment de son impact dans l'eau? Faut-il interviewer la compétence de Cédric Vilani pour répondre? Assurément non. Mais chacun, au terme de sa formation initiale, devrait avoir suffisamment de notions sur la chute des corps et les relations entre le temps, la distance et la vitesse pour effectuer de façon autonome, les modestes calculs nécessaires.

Loi de la chute des corps : e=(1/2)gt2 , où e est l'espace parcouru (en mètres), g l'accélération de la pesanteur (≈ 9,81) et t le temps (en secondes). La vitesse v étant la dérivée de l'espace par rapport au temps, on en déduit, à l'impact : v = gt.

De e = (1/2)gt2, on tire : t2 = 2e/g, puis, t = √ (2e/g) et finalement v = √(2eg)

Pour Ken Stornes : v=√(2x40,5x9,81)

Il s'agit là de mètres par seconde. Dans une heure, il y a 3600 secondes et dans un kilomètre, mille mètres. D'où la vitesse en km/h au moment de l'impact : 3,6x√(2x40,5x9,81) soit en arrondissant sur la première décimale, une vitesse de 101,5 km/h.

Il faut une sacrée maîtrise de sa position au moment de l'entrée dans l'eau pour ne pas se tuer à cette allure-là.

Un dernier exemple:

Je suis dans une grande cour strictement triangulaire. Où dois-je me placer pour me trouver exactement à la même distance de chacun des trois murs qui la bordent. Réponse : au point d'intersection de deux des trois bissectrices du triangle. Comment déterminer une bissectrice? Je ne dispose d'aucun instrument de mesure. Je vais alors en m'efforçant de marcher à enjambées égales, mesurer en pas les longueurs des trois côtés de la cour. La technique est la même quelles que soient les valeurs trouvées. Si je nomme A, B, C les sommets de mon triangle (de ma cour), supposons AB = 40, BC = 50, CA = 60. Je sais alors que la bissectrice issue de A va rencontrer le côté opposé BC en un point A' qui divise BC dans le rapport des côtés adjacents, soit : A'B/A'C = AB/AC = 40/60 = 2/3. Ainsi, A' sera aux 2/5 de BC à partir de B. J'en déduis une longueur de 20 pas pour BA'. Je détermine ainsi A'. En marchant droit et en visant A, je peux, laissant une trace au sol, marquer ma bissectrice AA'.

Je recommence pour ma bissectrice issue de B. Elle rencontre AC en B' avec : B'A/B'C = BA/BC = 40/50 = 4/5. Ainsi, B' sera aux 4/9 de AC à partir de A. D'où une longueur pour AB' de 240/9 pas soit 26 pas 2/3. Pas idéal, mais assez bien estimable.  J'ai mon point B' et comme plus haut, ma bissectrice BB'. À l'intersection de AA' et BB', j'ai le point cherché, équidistant des trois murs.

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Voilà trois situations de mathématiques citoyennes. Il ne s'agit pas de calculer ici la cohomologie des sphères, compétence réservée à quelques unes des sommités médiatiquement convoquées pour nous sortir des enlisements PISA! Il s'agit de compétences de base, élémentaires, accessibles à tous par la patience, l'attention et l'effort et aujourd'hui, au sein des 68 millions de français, à la disposition de si peu …

C'est à cela qu'il faut s'attaquer. Et, dans une conception erronée d'un apprentissage "pour tous", c'est à côté de cela qu'on passe.

Le système éducatif ne définit pas le bagage minimum, le vade mecum mathématique, que doit posséder, maîtriser, l'élève en fin de scolarité obligatoire. Le système définit des programmes dont la finalité est incertaine, marche-pieds éventuel de poursuite vers un élitisme vague le long de sentiers jonchés de laissés pour compte. Il faut poser avec précision un noyau dur de compétences éclairé de situations-types qu'elles doivent permettre de maîtriser en s'assurant qu'il y a là un corpus accessible à tous, sauf cas pathologiques. Et il faut donner aux professeurs des écoles d'abord et même aux professeurs en poste en collège, une formation constamment renouvelée qui les place très largement en surplomb de ce niveau bas d'exigence afin qu'ils y soient au mieux à même d'y faire accéder leurs élèves les moins à l'aise.

Il faut aussi bien sûr mettre en place la possibilité de parcours différenciés tels que tandis que les plus lents assimileront à leur allure, guidés avec bienveillance, ce plancher de techniques tout au long de leur formation, les plus vifs, ce bagage vite acquis, pourront continuer à galoper sur les chemins de la connaissance. D'où la nécessité d'une progression par unités de valeur. Mais ceci est une autre histoire.

8 novembre 2023

SAMUEL PATY, DOMINIQUE BERNARD: L'EXCLUSION N'EST PAS UNE SOLUTION

Le texte qui suit (désormais obsolète) est une proposition pour la page Débats du Monde, examinée puis finalement non retenue  par le journal.

Elle date de la fin de la première semaine des congés de Toussaint.

Il y a dans la seconde moitié recouvrement partiel avec mon post précédent.

Récemment (une dizaine de jours) sur le site du Ministère de l'Education Nationale, à propos de perturbations à l'hommage à Dominique Bernard (Samuel Paty, il y a trois ans, en avait eu son lot) ceci:

Le ministre a communiqué hier un premier bilan, avec 179 contestations et perturbations. Il a annoncé que tous les élèves concernés faisaient l’objet d’une saisine du procureur de la République, d’une procédure disciplinaire, et que pour plusieurs dizaines d’entre eux, il demandait aux chefs d’établissement une exclusion immédiate sans attendre le conseil de discipline.

En intégrant des signalements remontés plus tardivement, et le concours des services du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer, un nouveau bilan peut être effectué. Ainsi, en date du mercredi 18 octobre 2023 à 12h, au moins 357 perturbations et contestations des temps d’hommage ont été signalés. Conformément à l’instruction de transparence absolue donnée par Gabriel Attal, de nouveaux signalements continuent à être faits.

Un nouveau bilan sera donc communiqué ultérieurement. Par ailleurs, Gabriel Attal réaffirme sa règle en la matière : tous ces signalements font l’objet d’une saisine systématique du procureur de la République et d’une procédure disciplinaire pour les élèves concernés.

Pour les cas les plus graves qui s’apparentent à des menaces ou à de l’apologie du terrorisme, une exclusion immédiate des élèves est demandée aux chefs d’établissement, sans délai. Gabriel Attal le réaffirme : la page du "pas de vague" est définitivement tournée.

Mise à jour : octobre 2023

On trouve là un exemple, hélas parmi d'autres, de l'inadaptation de la réponse au problème posé. L'exclusion de l'établissement n'est ici que l'occultation de la difficulté par occultation de son responsable. Elle constitue un geste inutile.

Le ressort essentiel de la démarche éducative consiste à guider l'élève vers un comportement rationnel, raisonnable et réfléchi, par la prise de conscience d'une situation à travers l'explicitation verbalisée, dialoguée, soutenue et aidée, de la vision qu'il en a et très souvent qu'il n'en a pas. Il faut d'une certaine façon, aider le contestataire à contester, c'est à dire à inscrire sa protestation dans une rationalité dont il prenne pleinement conscience, adossée à des principes argumentaires, appuyée sur une connaissance des faits, une compréhension du contexte, verbalisée au sein d'un discours logique.

En milieu scolaire, dans ce temps précieux de la formation initiale, face aux incidents relevant du refus ou de la mise en cause des attitudes demandées, seul le dialogue de classe, devant et avec ses pairs, intégré dans l'échange attentif et ouvert de modérateurs-interlocuteurs adultes, est la voie lente mais sûre d'un ressaisissement espéré. Le temps est ici la dimension essentielle, nécessaire.

Et ce temps, notre système éducatif ne le prévoit pas. La course en avant à travers les programmes pousse sous le tapis tout ce qui entrave son avancée et crée par là même les conditions de ses échecs.

Sur un cas spécifique comme celui évoqué, c'est bien au sein des classes où sévissent les trublions que doit être abordé collectivement avec eux le problème.  C'est bien en affrontant publiquement (c'est-à-dire, ici, dans la classe) avec eux, devant leurs camarades et avec la participation recherchée de ceux-ci, les questions soulevées par leur attitude, en en co-analysant le contexte et le sens, en visant à en rendre compréhensibles l'expression et explicités, assumés, les ressorts, que l'on pourra tenter la responsabilisation, l'éveil à la logique, la prise de conscience des biais et des aberrations. Il ne faut pas désespérer des imbéciles et faire obstinément le pari de l'intelligence. Mais c'est difficile et long.

Cette mise à plat et en perspective des dysfonctionnements scolaires au sein des groupes-classes, aigus en la circonstance mais en réalité et sur tous les sujets, latents, elle devrait ici imposer, à la rentrée du 6 Novembre, la banalisation hebdomadaire jusqu'aux congés de Noël des deux premières heures (voire de la totalité) de la matinée du lundi. On peut imaginer un dispositif requérant la présence effective de tous les personnels enseignants afin de garantir un minimum de deux interlocuteurs adultes par classe.

Dans le cas précis des élèves repérés, c'est autour de leur attitude que devrait s'engager immédiatement, et dans l'esprit que j'ai indiqué, le débat. Il faut leur faire comprendre qu'on veut les comprendre, dans leur intérêt personnel, dans l'intérêt collectif, et à travers l'explicitation de leur comportement, qu'on veut s'enrichir collectivement de l'analyse partagée des problèmes d'ensemble posés à tous par la situation.

Ce principe d'échange hebdomadaire pourrait être avec bénéfice, au-delà,  agrégé au fonctionnement standard des établissements où l'échange serait à centrer sur l'actualité du monde comme il va, proche ou lointain, à partir des événements de la semaine précédente et en l'adossant d'abord aux interrogations des élèves. L'établissement est une communauté éducative qui, à travers les élèves, s'élargit aux parents, et c'est dans un tel dialogue régulier que peuvent et s'installer la prise de conscience collective des problèmes et se cerner les blocages individuels à traiter. On parle à tout propos de libérer la parole.  À l'école aussi une part, une grande part des problèmes est là, et il ne faut pas en avoir peur. 

Ce qui est sous-jacent à cette proposition, d'ailleurs, c'est une relecture de l'organisation scolaire où le temps gagnerait à être strictement dichotomisé, les matinées consacrées à des activités de socialisation par l'échange et l'échange des compétences dans des groupes-classes hétérogènes, confrontés sous l'égide d'un binôme d'enseignants à la mise en commun des connaissances dans la perspective d'une compréhension du monde assise sur des perspectives historiques et scientifiques, et les après-midi tournés vers l'excellence académique dans un jeu d'options distribuées à des groupes homogènes en niveau, ceci permettant à chacun d'aller le plus loin possible sur des voies choisies, et à son rythme. On peut rêver.

20 octobre 2023

SAMUEL PATY, DOMINIQUE BERNARD, L'ECOLE

Samuel Paty  Dominique Bernard

La mort de Samuel Paty le 16 octobre 2020 a été un choc sans précédent auquel l'Etat n'a pas alors, ni depuis, su répondre. Celle de Dominique Bernard, le 13 octobre dernier, vient nous le rappeler. Dans les deux cas, les congés de Toussaint jetteront sur le drame les prémices du retour à l'inaction. Une légion d'honneur accrochée au cercueil et bienvenue à la reprise de la routine.

Derrière ces drames, individuellement épouvantables, l'inaptitude et l'incapacité de l'Etat à saisir la portée réelle de la question éducative veillent, dans le souci maintenu de la poursuite du même, tant les effraie la perspective des nécessaires renouvellements, la perspective de l'indispensable reconstruction exhaustive d'un système de formation dont ces morts terribles ne sont que l'un des aspects marginaux de l'échec global.

Même au niveau des symboles, le compte n'y est pas. En octobre 2020, il me paraissait évident que Samuel Paty exigeait un deuil national de quelques jours et l'obligation pour tous les élèves et les personnels des établissements d'éducation du port dans l'enceinte de ces établissements d'un brassard noir jusqu'aux congés de Noël. Cette exigence, devant les inerties qui ont suivi, est aujourd'hui usée.

Il faut pourtant, dans de telles circonstances, une réaction absolument collective et absolument forte, immédiatement symbolique, puis obstinément fonctionnelle, témoigner du choc, analyser sa portée, dégager les axes d'une réponse, mobiliser les moyens, déclencher la réplique.

Une action aujourd'hui de court terme symbolique et efficace - On ne peut pas continuer "comme avant", on ne peut plus continuer "comme ça"  - peut être de banaliser dans tous les établissements publics et sous contrat  les sept matinées de lundi du deuxième demi-trimestre qui va commencer le six novembre, pour les consacrer à une prise de parole encadrée des élèves. On peut imaginer un dispositif demandant la présence effective de tous les personnels enseignants afin de garantir un minimum de deux interlocuteurs adultes par classe. L'échange serait à centrer sur l'actualité du monde comme il va, proche ou lointain, à partir des événements de la semaine précédente et en l'adossant d'abord aux interrogations des élèves. L'établissement est une communauté éducative qui, à travers les élèves, s'élargit aux parents, et c'est dans un tel dialogue régulier que peuvent et s'installer la prise de conscience collective des problèmes et se cerner les blocages individuels à traiter. On parle à tout propos de libérer la parole.  À l'école aussi une part des problèmes est là, et il ne faut pas en avoir peur.

Au-delà … tout restera à faire. Nous sommes des spécialistes des pleurs et des hommages. Ils ne rebâtissent rien. À chaque problème, nous appliquons une rustine. Il faut repenser l'édifice dans son ensemble. Le suggérer, puis esquisser des pistes, c'est s'assurer qu'on ne sera pas écouté tant l'immensité de la tâche décourage le politique. Elle excède notablement la responsabilité gestionnaire d'un ministre. Elle exige l'engagement total de l'Etat. Peut-on imaginer, quand seront retombés les youyous des pleureuses, un programme pour 2027 qui ne soit que cela : Reconstruire la Nation et Construire l'Avenir par la Reconstruction de l'Ecole?

28 mars 2023

COLETTE & CLAUDINE

CL à l'ECl à PCl en MCl s'en vaLa M de Cl

Etonnante découverte.  Je n'en avais lu aucun. Oui, très étonnante découverte. Et fructueuse!

Les trois premiers sont le véritable cycle.

Formidable Claudine à l'école, gamine délurée, insolente, immaîtrisable et drôle, pétillante d'invention. Un régal.

Comme son nom l'indique, Claudine ensuite est à Paris. Découverte du cousin Marcel, puis du père du cousin Marcel, Renaud, dont elle tombe amoureuse. C'est encore savoureux et drôlatique, mais la pétulance scolaire était plus goûteuse.

L'amoureuse s'est mariée et voilà Claudine en ménage. Le talent de la conteuse est toujours là, mais la jeune mariée cède complémentairement à  la tentation homosexuelle et  le récit en est encombré.

Dans Claudine s'en va, Claudine est en réalité déjà partie. Ce quatrième volet est un roman presque autonome, détaché, mais qui retrouve, dans une première partie, toute la drôlerie de Claudine à l'école bien que sur un autre registre. On verse ensuite dans la peinture psychologique d'un arrachement à une emprise conjugale. Un parcours assez poignant, même si parsemé de notations très amusantes. L'héroïne dont tout ce livre est le journal intime  étant dans l'orbite des amis de Renaud, nous y gagnons aussi une vision différente, extérieure, de Claudine.

La maison de Claudine,  écrite vingt ans après le cycle précédent n'y est liée que par le prénom qu'inclut son titre. C'est en fait un recueil de nouvelles construisant en patchwork une enfance probablement assez mythifiée de Colette. Bien que la langue soit continuement très soutenue, à côté de véritables joyaux, plusieurs de ces courts récits donnent l'impression d'une recherche plus esthétique que sincère.  

Ce qui (me) frappe, dans les quatre ouvrages écrits entre 1900 (Claudine à l'école) et 1903 (Claudine s'en va) par Colette (avec peut-être, par ci par là, quelque suggestion de Willy), c'est la présence constante d'une pulsation sensuelle à dimension homosexuelle,  à travers le couple des maîtresses d'école du premier opus, de la petite Luce aussi, tentation pré-adolescente de Claudine, puis avec l'homosexualité libérée du cousin Marcel dans le deuxième livre, avant la longue marche à la liaison de Claudine avec Rézi dans le troisième, enfin, promesse faite à Renaud (qui en a quand même profité pour sauter lui aussi la partenaire) de n'y pas revenir, avec l'élan maîtrisé vers Annie dans le quatrième.

A quelques passages près - un en particulier sur la fin de Claudine s'en va, une très longue et inutile lettre de Maugis, alcoolique érudit et jouisseur qui cultive un parler (et un écrit!) compliqué fait de citations littéraires détournées en calembours potaches et d'expressions vulgaires déguisées en clins d'œil - à quelques passages près donc, le bonheur de lecture est malgré tout constant, tant les trouvailles abondent, parsemées de tournures locales hautes en couleur et d'un coup de patte rare dans l'art de la formule. Claudine est une observatrice acérée, comme le sont sa hardiesse et sa langue et les croquis sont souvent merveilleux, largement d'ailleurs quand ils sont positifs au bénéfice des femmes et de leurs atours, où leurs mouvements et leurs regards sont comme une extériorisation de leur âme. Les chats bien sûr sont une référence constante, en tant que tels et lorsqu'il s'agit de décrire le sexe dit faible, et puis toute une botanique dans laquelle on se perd un peu, simplement porté par la sonorité des termes. 

On rit quand même beaucoup. C'est enlevé, goûteux, champagnisé et vivement recommandé, des foucades juvéniles et fantasques de Claudine à l'école, aux échappées un peu amères de Claudine s'en va. Et puis, dans La maison de Claudine, nombre de perles.

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